mercredi 30 juin 2010

Géo Book


Bien choisir son voyage hors des sentiers battus.

Vous cherchez une idée de voyage, qui plus est, une idée originale : en voilà mille d'un coup d'un seul. Des sites antiques méconnus, des expéditions uniques, des merveilles architecturales surprenantes, des merveilles naturelles étonnantes, des villes insolites, des plages secrètes, des fêtes et festivals singuliers....

Voilà ce que vous allez découvrir dans cet ouvrage : 1000 lieux plus originaux les uns que les autres pour préparer des vacances inoubliables hors des sentiers battus.

Un livre à ne pas manquer pour savoir où aller, quand partir, que voir, que faire.... ou simplement rêver !!!

Festival du Premier Roman de Chambéry (11)

Une rencontre finie, pas de temps à perdre, il faut courir à la suivante avec Liliana Lazar et Henri Husetowski. Aujourd'hui, le billet sera sur Liliana Lazar et son premier roman Terre des affranchis.
Liliana Lazar est née en 1972 en Moldavie roumaine. Elle a passé l'essentiel de son enfance dans la grande forêt qui borde le village de Slobozia, où son père était garde forestier. Elle arrive en France en 1996. Elle vit à Gap, aux pieds des Alpes. Liliana Lazar écrit en français.

Liliana Lazar rend hommage à son pays et à ses traditions, mêlant légendes et Histoire. Ce roman aurait pu commencer par « Il était une fois, dans une région lointaine au fond d’un bois » puisqu’il s’ouvre sur la légende d’un lac que les habitants ont baptisé la Fosse aux lions. Un lac mystérieux, effrayant et maudit. On y raconte qu’au XVIème siècle, les envahisseurs turcs s’y sont noyés. Dans ce pays très superstitieux, les vieilles dames affirment que « la nuit, les ossements des soldats turcs, qui depuis des siècles gisent au fond du lac, remontent doucement à la surface ». Depuis, l’on craint de rencontrer les moroï, morts-vivants rôdant la nuit, dans la forêt. Celui qui erre seul dans les parages et rencontre ces êtres sans âme sera maudit à son tour. Pourtant, certains se montrent téméraires : les jeunes générations viennent s’y retrouver pour faire l’amour, persuadées que le lac décuple leur plaisir sexuel… C’est dans ce cadre à la fois merveilleux et angoissant que le roman commence. Les Luca sont une famille parmi tant d’autres de Slobozia. Une famille pauvre, refermée sur elle-même où le père ivrogne bat tant qu’il peut les siens.

Mais leur calvaire prend fin le jour où le fils, Victor, prend leur destin en main et noie le père dans la fameuse Fosse au Lion. Il découvre ébahi que ce lieu, soi-disant infernal, le protège… Plus tard, il est amené à commettre un autre meurtre, guidé par une pulsion sexuelle incontrôlable : celui d’une jeune fille qui a repoussé ses avances. Ce meurtre alerte les autorités qui se mettent en quête de retrouver le coupable. De ce jour, Victor doit vivre en reclus, dans la maison de sa mère. En quête de rémission, Victor se voit offrir une occasion pour se racheter : le prêtre de Slobozia, en ces temps troubles du communisme, lui propose de recopier des livres interdits par Ceauşescu. Il découvre la vie d’un saint qui est parvenu à obtenir le pardon en sacrifiant sa vie. Il espère ainsi pouvoir trouver un jour l’occasion de se racheter et de recouvrir la liberté.

Pourtant les événements politiques troublent la relative tranquillité du village de Slobozia : le prêtre est arrêté, remplacé par un dévot hypocrite, un certain Daniel, qui désire s’installer dans la forêt pour pouvoir vivre sa foi pleinement à l’abri des regards. Mais son arrivée suscite des réactions diverses et révèlent la personnalité des villageois. Le chemin de Victor, en quête de pardon, est semé d’embûche également...

mardi 29 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (10)

Avec Anne Percin, il y avait Antoine Broto, l'auteur d'Irénée.

Antoine Broto est né en 1978 à Saint-Brieuc en Bretagne. Il est chef de projet dans une grande entreprise de construction et services à Paris.

Irénée vit dans un petit village du sud de la France avec Louise, sa compagne. Il exerce le métier de luthier. Un jour le médecin annonce à Irénée qu’il est atteint d'une maladie incurable (dont on connaîtra le nom que tard dans le roman), et celui-ci décide de ne pas en parler à Louise. Lui, qui n'est jamais sorti de son village, va décider de partir où le vent le mène (jusqu'en Chine). Très beau voyage initiatique qui permet au narrateur d'accepter sa maladie, et de continuer à vivre.

lundi 28 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (9)

Après toutes ces rencontres du jeudi 27 mai, il était temps que la journée se termine. Mais après une bonne nuit de repos, les rencontres ont continué dès 8h30 le vendredi avec Anne Percin et Antoine Broto. Le billet d'aujourd'hui va porter sur la première : Anne Percin.

Anne Percin est née d'un père mécanicien et d'une mère mécanographe. Elle passe son enfance et poursuit des études de lettres à Strasbourg où elle consacrera son mémoire de Maîtrise au mouvement Dada avant d'aller enseigner en région parisienne. Elle vit et travaille aujourd'hui en Bourgogne où elle partage la vie de Christophe Spielberger. Si Anne Percin était invité à Chambéry pour son premier roman "adulte" Bonheur Fantôme, elle n'en est pas à sa première œuvre car elle a déjà écrit pour les plus jeunes : Point de côté (Editions Thierry Magnier), Servais des collines (Oskar jeunesse), Né sur X (Editions Thierry Magnier), L'âge d'Ange (Ecole des loisirs), N'importe où hors de ce monde (Rouergue) et A quoi servent les clowns (Rouergue).

Pierre, le narrateur, n'a pas trente ans et a tout quitté : Paris, son job, son amour. Il s'est enterré dans la Sarthe, a acheté une petite maison et s'est improvisé brocanteur. Il écrit également une biographie sur Rosa Bonheur, une peintre française, dont la vie a été éclaboussée de frasques amoureuses et de conduites excentriques. Tout cela sent la planque à plein nez, et ça ne manque pas, on comprend très vite que l'homme fuit un passé obsédant. On saisit quelques bribes, le frère disparu, alors qu'il n'était qu'un enfant, et aussi l'amant perdu, échappé, égaré... Cette histoire avec R. n'est d'ailleurs pas finie. Elle prend même l'aspect d'une chanson répétitive, une rengaine qui va et qui vient, qui raconte l'histoire d'un amour, avec la rencontre, les bons moments, les passages euphoriques et les instants dégrisants, les coups bas, la lâcheté et la cassure.

Ce n'est pas non plus un hasard si la sérénade de Mouloudji Fantôme de bonheur est martelée pour faire comprendre la détresse de Pierre, son chagrin, en plus du reste. Car c'est lui qui est parti, de son plein gré. Et R. n'est pas facile à oublier, c'est un personnage admirable, très beau, avec beaucoup de charme et de mystère. Si ce n'est pas de l'amour dans ce tas de cendres, dites-moi, ça y ressemble très fort ! En fait, le roman parle d'une reconstruction, pure et simple : Pierre est un jeune homme brisé, traumatisé par la mort de son frère à l'âge de dix ans, trop inquiet sur son avenir et sur ses sentiments, sa peur de s'attacher et d'afficher ses sentiments.

vendredi 25 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (8)

Lors de la rencontre avec Béatrice Fontanel, il y avait François Weerts (déjà évoqué), mais aussi Stéphane Velut, l'auteur de Cadence.

Stéphane vit et travaille en Touraine. Il exerce la neurochirurgie et enseigne l'anatomie ; voilà pour le quotidien. Hormis ses travaux scientifiques portant essentiellement sur le cerveau, il a publié un essai de philosophie et donne régulièrement des conférences de sciences humaines. Il affectionne la lettre K, les villes désertes le dimanche, les paysages de neige. Et il écrit la nuit.

Munich, 1933. Un peintre, chargé d'exécuter le portrait d'une enfant louant l'avenir radieux de la nouvelle Allemagne, se cloître en compagnie de son modèle. Mais c'est tout autre chose qu'il fait de sa jeune pensionnaire et qu'il déploie comme un cérémonial au fil de son récit. Car ce sont ses carnets que l'on lit ; le narrateur y prend son lecteur à témoin. On hésitera à discerner dans cet étrange huis clos le jeu du rite ou de la soumission. Ce roman ne laisse pas indifférent à tel point que lors de la rencontre, les réactions ont été essentiellement vers lui et non vers les deux autres auteurs invités.

jeudi 24 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (7)

Pour la rencontre suivante, il ne nous a pas fallu bouger beaucoup car nous sommes restés dans le même lieu, tout comme François Weerts qui faisait parti de cette nouvelle rencontre avec deux autres auteurs : Béatrice Fontanel et Stéphane Velut. Aujourd'hui, je vais vous présenter Béatrice Fontanel.


A la fois auteur et iconographe, Béatrice Fontanel a écrit de nombreux livres documentaires parmi lesquels Bébés du monde, Nous étions des Hommes, 1914-1918 aux éditions de la Martinière, L'Eternel féminin, une histoire du corps intime ou Quand les artistes peignaient l'histoire de France au Seuil. Elle a également signé aux éditions Actes-Sud Junior plusieurs albums de fiction, comme Mathilde et les petits papiers et Auguste le Galibot. Enfin, elle est l'auteur d'ouvrages de poésie, tels Explorations minuscules, poésie des rues ordinaires aux éditions de La Pie voleuse, La Ménagère Cannibale, au Seuil et Eloge des Nuages aux éditions de la Martinière. Elle est aussi l'auteur d'un premier roman pour adulte L'homme barbelé.

La narratrice veut écrire un livre sur Ferdinand. Ancien combattant, Ferdinand a aimé la guerre comme une mère... bien mieux que sa femme et ses propres enfants. Lorsque ce père la Terreur est arrêté par la Gestapo puis disparaît, son plus jeune fils souffle : " Enfin, une journée tranquille." Tranquille ? Personne ne le sera jamais plus dans la famille et sur plusieurs générations.

mardi 22 juin 2010

Mort d'un Nobel

José Saramago s'est éteint vendredi dernier, le 18 juin 2010, à l'âge de 87 ans.


Né en 1922 à Azinhaga au Portugal, il doit rapidement arrêter ses études secondaires pour entrer dans une école professionnelle qu'il quittera avec un diplôme de serrurier. Il exerce son métier peu de temps pour ensuite occuper des postes administratifs dans différentes entreprises.

Arrivé sur le tard en littérature, de son propre aveu par manque de confiance en lui, il publie un premier roman en 1947 et attendra 1975 pour le second. Il goûte en 1982 à la renommée mondiale grâce à son roman Le Dieu manchot et en 1998 il obtient le prix Nobel de littérature. Il est à ce jour le seul auteur lusophone à avoir reçu le prix Nobel.

Ses longues phrases sont en fait constitués de phrases très courtes, tendues, séparés par de nombreuses virgules pour tenter de rendre le rythme de la langue. "Il fallait trouver un ton, une façon de transcrire le rythme, la musique de la parole qu'on dit, pas de celle qu'on écrit."

Auteur aux opinions politiques très marquées, autodidacte, érudit et passionné d'Histoire, ses romans ont souvent pour cadre des événements historiques mais Saramago se défendait d'écrire des romans historiques. Son écriture et son imaginaire ne sont pas sans faire rappeler le réalisme magique sud-américain.

Un très grand auteur nous a quitté, à découvrir ou à redécouvrir à la médiathèque où vous attendent deux de ses romans:

-Le Dieu manchot 1982
-La Lucidité 2004

vendredi 18 juin 2010

De la (bonne) BD en ligne

Dans la série exploration des bons plans du web, signalons le site Manolosanctis qui ne vous est peut-être déjà pas étranger. Manolosanctis est une maison d'édition communautaire qui propose de diffuser des ouvrages consultables librement et gratuitement.


Le tout est parfaitement légal, rendu possible par les licences creative commons. Tout le monde y gagne, les auteurs qui gardent vraiment la main sur leur œuvre grâces aux licences précédemment citées et les lecteurs qui ont là l'occasion de s'investir dans leurs bandes-dessinées favorites et de découvrir des petites perles. On peut se créer un profil, organiser ses albums préférés ou encore faire des critiques. La présentation du site est agréable, facile à comprendre et à prendre en main. Si vous avez un bon écran, c'est un vrai plaisir à consulter. Un exemple avec une BD de Yohan, Mon cauchemar et moi, jolie histoire, sombre et triste, avec des planches enthousiasmantes. Un conseil: à regarder en plein écran.


Allez voir vous même: www.manolosanctis.com
Bon week-end à tous!

lundi 14 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (6)

Lors de la rencontre avec Estelle Nollet, il y avait un auteur étranger (eh oui encore un) : le belge François Weerts.


Journaliste belge établi à Waterloo, François Weerts, est né en 1960 à Addis-Abeba. Traducteur de textes non littéraires, du flamand au français.

1984, Bruxelles est en pleine mutation architecturale. Dans le quartier où des filles s'exposent en vitrine, Antoine Daillez vient d'hériter de L'Alexandrie, lieu de plaisirs dont les pintes de bière ne sont pas seules responsables. Mais drames et incidents se multiplient autour de ce bar qui semble susciter bien des convoitises. La vieille Mémé Tartine, locataire si gentille avec les travailleuses du quartier, est retrouvée assassinée. Des skinheads aux ordres d'un parti d'extrême droite flamand s'attaquent à l'établissement, à sa patronne et à l'une des filles. La sauvegarde de la morale n'est certainement pas leur motivation. Pas plus que la protection offerte par Monaco, le caïd du quartier, ne doit avoir pour but la défense du petit commerce...

Pour essayer de comprendre, Antoine doit fouiller la jeunesse de son grand-père, aidé par Martial Chaidron, inspecteur de la brigade des mœurs, et Piotr Bogdanovitch, historien de son état. Les secrets découverts datent du temps de l'Occupation, quand se jouait un jeu trouble, dont l'un des acteurs n'était pourtant qu'un homme ordinaire, avec ses raisons, ses faiblesses, ses failles - pas forcément politiques.

jeudi 10 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (5)

Après la rencontre avec les auteurs francophones étrangers, il était temps de se restaurer. Mais dès 14 h la courses à la rencontre des auteurs s'est poursuivie avec Estelle Nollet et François Weerts. Ce billet va donc parler d'Estelle Nollet auteur de On ne boit pas les rats-kangourous.


Après un début de carrière comme publicitaire à Paris, Estelle Nollet quitte son port d'attache pour rejoindre les déserts d'Égypte et d'Australie. La jeune femme revient de ces terres arides avec un premier roman intitulé On ne boit pas les rats-kangourous. Passionnée de plongée sous-marine, Estelle Nollet a enseigné cette discipline dans les mers du monde entier, notamment sur la côte mexicaine.


Perdu au milieu d'un désert, tout à côté d'une décharge publique, il y a un semblant de village : quelques cabanes, un bar et une épicerie. Ceux qui y habitent sont coincés là depuis plus de 20 ans, sans possibilité de s'échapper. D'aucuns ont bien tenté de prendre la route, à l'entrée du village, mais dès qu'ils atteignaient le premier virage, ils se retrouvaient mystérieusement à leur point de départ. Quant aux montagnes qui entourent le hameau, elles sont impénétrables et n'offrent aucune issue vers le reste du monde. Den, l'épicier, doit bien en savoir un peu plus : après tout, il était là avant tout le monde et il reçoit régulièrement des livraisons... Mais Den est muet, Den ne vient jamais au bar...

Alors, tous ont fini par renoncer et ont accepté de vivre le reste de leur existence dans ce trou paumé. Les jours se suivent et se ressemblent désespérément, comme si le temps s'était arrêté; et les nuits offrent la promesse d'une ivresse dans le bar de Dan. Boire pour oublier où l'on est et qui on a été, boire pour s'inventer des histoires et de l'espoir. Cette situation semble convenir à tous, sauf à Willie, le narrateur. Willie a 25 ans. Contrairement aux autres habitants, il n'est pas arrivé un beau jour par la route, il n'a pas eu d'histoire avant d'atterrir là. Willie est né sur place, comme son meilleur ami Dig-Doug l'enfant lunaire qui n'a jamais grandi et qui creuse des trous. Et Willie veut comprendre pourquoi ils sont tous coincés là. Comme il est persuadé que l'explication de tout cela se cache dans le passé des habitants, il va les questionner un à un et réveiller les souvenirs douloureux.

mercredi 9 juin 2010

Festival du Premier Roman de chambéry (4)

Lors de la rencontre avec la québécoise Danielle Trussart, il y avait un autre auteur étranger : le belge Michel Wagner.


Né à Arlon en 1951, Michel Wagner est Flûtiste concertiste. Après une formation en philologie romane, traducteur de profession, passionné de musique, d'histoire, d'astrophysique et de philosophie, marié et père de deux garçons, Michel Wagner reste un passionné de musique. Son âme musicienne se retrouve dans son style littéraire "musical".

Dans son premier roman L'apparence de la mort, Michel Wagner se met dans la peau d'un "Poilu ressuscité" qui décrit sa vie antérieure. Un témoignage cru et poignant sur la laideur de l'époque et le massacre d'une génération sacrifiée. Mais aussi une réflexion sur notre rapport à l'autorité et à la mort.

Dans le groupe de lecteur "Premier roman" son roman est loin d'avoir fait l'unanimité, mais le rencontrer, était très intéressant.

vendredi 4 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (3)

A peine la première rencontre terminée, il a fallu que le groupe se sépare, car deux rencontres intéressantes avaient lieu en même temps : Danielle Trussart / Michel Wagner et Tatiana Arfel / Lilian Robin. Je reviendrai dans mes prochains billets sur les deux derniers auteurs, car je les ai rencontrés le lendemain.
Pour aujourd'hui, je vais vous parler de Danielle Trussart, auteure d' Un train pour Samarcande.

Elle est née à Montréal, et vit maintenant à Baie-Saint-Paul (Québec) où elle partage le meilleur de son temps entre l'écriture et la peinture. Elle a publié quelques nouvelles, dont certaines ont été primées.

Un train pour Samarcande raconte l'histoire de Blanche, une vieille dame, qui prépare ses affaires en attendant le train qui l'emmènera de l'autre côté de l'existence.
Elle vit seule avec ses souvenirs depuis la mort accidentelle de son fils et de celle plus lente de son mari. Elle aime observer ses voisins, les fous du quartier et la nouvelle voisine, la femme aux pinceaux. Blanche tient un registre dans lequel elle catégorise les gens.

Et pourtant, elle sent l'imminence de sa mort alors elle se prépare, elle range ses affaires, vide les armoires et les étagères, elle ne fait plus la vaisselle ni le linge, elle jette après emploi. Mais Blanche rêve encore, parle à son mari, lui raconte ses souvenirs, cherche la route de Samarcande car elle a toujours aimé aller au bout des routes, recherche la compagnie rassurante de ses livres préférés (son préféré étant Au bonheur des dames de Zola). Blanche a toujours aimé l'art, la géographie et les pays lointains. Elle a une carte du monde épinglée sur le mur de son salon et la redessine lorsque les frontières changent ainsi que les noms. Elle rêve de prendre le train pour l'incomparable Samarcande et de visiter cette ville ocre et rose, admirer les coupoles bleues des mosquées, les minarets, les fontaines, les palais...

Malgré ce sujet assez triste, ce livre nous raconte la vie, la vie malgré tout et plus forte que tout. Blanche, quelque peu nostalgique et solitaire, vit ce moment naturellement et avec humour. Elle se prépare car la mort fait partie de la vie et autant ne pas être prise au dépourvu cette fois. Aussi, la mort a fait parti de sa vie avec la mort accidentelle de son fils et puis la lente disparition de son mari qui ne s'en est pas remis. Blanche a vécu avec ses morts et les a encore faits vivre avec elle. Blanche reste curieuse et à l'écoute des autres. Jusqu'au dernier moment, elle s'émerveille du quotidien.

jeudi 3 juin 2010

Festival du Premier Roman de Chambéry (2)

Lors de la première rencontre, avec Jean-Baptiste Destremau, il y avait Wahiba Khiari pour Nos silences. Auteure qui a particulièrement été appréciée par les lecteurs de Chassieu.

Wahiba Khiari est née à Alger en 1969. Après des études d'anglais, elle obtient le CAPES et enseigne dans un lycée proche de Constantine. En 1997, elle décide de quitter l'Algérie et s'installe en Tunisie. Elle s'inscrit dans un atelier d'écriture, devient responsable du rayon littérature d'une grande librairie de Tunis. Aujourd'hui mariée et maman de deux enfants, elle s'occupe de la communication de cette même librairie.

Le décor est l’Algérie de la décennie noire (les années 90). C'est l'Algérie des assassinats, des enlèvements, des viols et des attentats. Wahiba Khiari prend la parole et celle de toutes les autres pour raconter un vécu personnel. Le sien, elle qui a choisi l’exil (en Tunisie) et qui vit dans la culpabilité et le silence, et celui de toutes les autres bafouées à qui l’on a demandé de pardonner.
Deux voix s’élèvent dans ce roman où le réalisme l’emporte souvent sur la fiction. Deux voix de deux femmes aux destins différents se rencontrent dans la même douleur et la même conscience du drame.

Wahiba Khiari raconte les périples d’une jeune enseignante de langue anglaise dans un lycée. Ses confrontations avec l’endoctrinement des jeunes, l’obscurantisme des collègues et la lâcheté de l’administration.
Mais ce qui la fait frémir de douleur et nous émeut en tant que lecteur, c’est l’atrocité du vécu de l’autre, celle qui est restée, un vécu que l’auteur devine et imagine.
Wahiba Khiari écrit, à la première personne, incarnant son héroïne, vivant son sommeil jamais profond, le froid et l’humidité, et la vie rythmée aux bruits venus de l’extérieur.

Son écriture devient de plus en plus nerveuse, de plus en plus dense quand elle parle de l’enlèvement et de la vie au maquis, de son premier viol, du second et des autres...
La voix de Wahiba Khiari s’éteint petit à petit et cède de plus en plus la place à celle qui est restée.