mercredi 8 juin 2011

Blast, l'Apocalypse selon Saint Jacky

En 2009 Manu Larcenet sortait Blast, une Bande-dessinée hors-norme de 204 pages en noir et blanc à la couverture mystérieuse et pleine de promesses :

Après plusieurs séries d'excellente tenue comme Le retour à la terre ou Le combat ordinaire, le nouveau projet du dessinateur avait de quoi réjouir ses fans. Dès les premières pages on ressentait une bouffée d'air frais. Une grande liberté artistique se dégageait de l'ouvrage avec des dessins généreux sur des pages entières et un coup de crayon un peu emphatique mais qui donnait à l’œuvre un caractère proprement épique. On imaginait volontiers un Manu Larcenet éprouvé après une telle audace et voilà qu'il nous revient avec un nouveau tome au moins aussi réussi.

Un mot sur l'histoire d'abord, Polza Mancini, alias Grasse carcasse (c'est le titre du premier tome) se retrouve en garde à vue fortement soupçonné d'avoir assassiné une jeune femme, Carole. Interrogé par deux flics autant dégoûté par son geste que par son apparence physique, Polza revient sur son histoire personnelle. Sorte de clochard céleste, Polza est un être meurtri, par la vie, par le regard des autres, par la mort de son père. Son choix de s'affranchir de la société est dicté par sa volonté de rejoindre l'Île de Pâques et ses moaïs, les grandes statues qui hantent ses rêves depuis qu'il a connu son premier blast. Le blast, c'est une révélation, une épiphanie, qui prend le héros comme une transe et qui jalonne son parcours. Figuré par des dessins d'enfants et les seules touches de couleurs de l'album, le blast est bien sûr LA trouvaille narrative de cette série, celle qui réussit à tenir le lecteur en haleine même si Larcenet se fait un plaisir de l'égarer sur d'autres pistes et d'autres aventures périphériques.

Avec ce deuxième tome, on continue l'exploration dans l'univers chaotique de Polza. Alcoolique et de plus en plus en marge, il rencontre des spécimens variés et hauts en couleurs, plus ou moins bienveillants. Au milieu de toute cette faune, on fera la connaissance de Saint Jacky, véritable apôtre de l'Apocalypse, dealer rural et érudit d'un genre nouveau.

Larcenet sait raconter des histoires. Alors que la plupart des bandes-dessinées sans scénariste manquent souvent de profondeur, Blast parvient à mettre en place une intrigue au niveau de la beauté des planches. Celles-ci sont magnifiques, pleines de fureur contenue et d'émotion, le plaisir manifeste qu'a dû prendre le dessinateur à leur exécution est communicatif. Chaque page est un régal et parvient à nous procurer une émotion particulière : rire, détresse, émerveillement, colère, tendresse... Alors, prêts pour le Blast?

A voir : le site fourni de Larcenet, ici.
Les deux tomes sont disponibles au rayon BD adultes de la médiathèque.

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