Si la chorégraphe allemande laissera une trace indélébile dans le paysage de la danse du 20ème siècle (et un peu du 21ème), alors que dire de son aîné américain ? Son influence sur plusieurs générations de chorégraphes parmi les plus inventifs et audacieux de ces 60 dernières années est tout simplement phénoménale (à commencer par Pina Bausch elle-même). Cunningham fut, à ses débuts, l'élève et le danseur de la grande Martha Graham, déjà une pionnière, mais, dès ses premières pièces, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il emmena probablement la danse là où elle n'avait jamais osé complètement s'aventurer, même avec Graham : vers l'abstraction, l'aléatoire et l'objectif. Beaucoup plus tard, dans les années 2000, il fera appel à l'informatique et à des logiciels ad hoc pour écrire de nouvelles pièces.
Avec Cunningham, on était très loin de l'académisme des corps de ballet classiques et l'Américain n'a eu de cesse, sa vie durant, de construire des ponts extrêmement fructueux avec des artistes venus d'autres disciplines, jusqu'alors souvent très éloignées de la danse. Evidemment avec des musiciens mais les musiciens en question, qu'ils se soient appelés Morton Feldman ou surtout John Cage, dont le rôle dans la carrière de Cunningham fut prépondérant, n'étaient pas de ceux dont les oeuvres étaient alors jouées dans les opéras. Il était également très proche de certains plasticiens comme Jasper Johns ou Robert Rauschenberg et, d'une façon générale, à l'écoute des artistes les plus novateurs, comme lui-même le fut dans son art.
Pour en savoir plus sur Merce Cunningham, vous pouvez consulter l’ouvrage :
La Danse au XXème siècle d’Isabelle Ginot
La Danse au XXème siècle d’Isabelle Ginot