lundi 29 mars 2010

Fadéla Hebbadj "L'arbre d'ébène"

Fadéla Hebbadj suit l'errance urbaine d'une immigrée clandestine malienne, accompagnée par son fils, malmenée dans une France qui n'est plus terre d'accueil. Pour rejoindre Marseille, Mama a dû payer trois années de son salaire à des passeurs espagnols. Violée pendant la traversée sur une barque de fortune par des candidats à l'émigration, malade de la tuberculose, elle espère être soignée en France. C'est son fils, qui raconte cette solitude et la vie des sans-papiers sans travail. C'est lui l'avenir, lui encore qui croit pouvoir s'en sortir, du haut de ces 10 ans.

Dans un style faussement enfantin, et sans misérabilisme, Fadéla Hebbadj décrit une réalité qui peut sembler sans issue. Pour survivre, reste l'autodérision. Et surtout, la volonté de trouver sa place dans une culture différente où les " gens vont et viennent comme des imbéciles à qui on a retiré un coeur ".

mardi 23 mars 2010

Un Homme louche

Les 4èmes assises internationales du roman, on vous l'a déjà annoncé sur ce blog, auront lieu du 24 au 30 mai 2010 aux Subsistances à Lyon. D'ici là, on vous proposera régulièrement sur le blog une chronique sur un auteur invité.

Vous retrouverez sur notre catalogue tous les titres dont il sera question. Je vous invite aussi à consulter la bibliographie des ouvrages disponibles à la médiathèque.

Pour commencer, intéressons-nous à François Beaune, auteur de l'atypique Un Homme louche, paru chez Verticales en 2009.
Il sera présent le dimanche 30 pour parler avec d'autres écrivains du thème de la folie à l'œuvre.
Une folie qu'il dissèque avec précision (et une pincée de sadisme jubilatoire) dans son premier roman. L'homme louche, c'est Jean-Daniel Dugommier, le narrateur de ce journal en 2 temps.
Première partie, Jean-Daniel a 14 ans et une conscience aigüe de son génie qu'il s'évertue à garder secret. Il observe avec circonspection le voisinage, ses camarades et surtout sa famille, qu'il juge avec une justesse féroce. Les pages sur la vacuité de ses proches vous feront hurler de rire ou vous mettront bien mal à l'aise. Tout ce qui gravite autour de Jean-Daniel semble misérable et sans but.
Deuxième partie, Jean-Daniel est adulte, 25 ans après. Il observe toujours le monde avec une distance inquiétante. Petit à petit le lecteur s'éloigne du personnage, tellement qu'au fil du récit, il semble s'évanouir peu à peu dans une non-réalité. L'auteur a tellement pris soin d'éloigner son personnage que son drame n'en est plus un et peut laisser place au rire, bien noir cependant, ne rêvons pas!

Au final un beau livre, moderne et déroutant, que François Beaune aura mis du temps à écrire et à mettre en forme. La première partie est fraiche et agréable. La deuxième partie, dans laquelle l'atmosphère se fait pesante, nous éclaire sur les prétentions de Beaune, elle est plus riche et plus dense tout en conservant un humour distancié. Un premier roman élégant et intelligent (à l'image de son auteur).

Bonne lecture et à bientôt!

vendredi 19 mars 2010

Paniers de saison

Le printemps arrive, et avec lui les fameux paniers de saison de la médiathèque.
Petit rappel des faits : en plus de tous vos documents (10 livres, revues; 10 CD; 5 DVD), vous pouvez emprunter 3 documents surprises spécialement sélectionnés par nos soins.
Cette saison, comme d'habitude, des découvertes, des valeurs sûres et des combinaisons étonnantes pour vous faire découvrir de nouveaux horizons.
Dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde!

jeudi 18 mars 2010

Escapade en Lyonnais et Dauphiné

Le fonds lyonnais (fonds local et régional) de l'espace Adultes-Ados vient de s'enrichir de 2 nouveaux documents :
"Potiers et Faïenciers en Dauphiné" : une présentation du travail de ces artistes d'autrefois aujourd'hui reconnu et célébré par tous. Du début du 18ème au milieu du 20ème siècle les ateliers ont fonctionné : les pièces découvertes témoignent des multiples influences, de la qualité du travail et de la créativité des artisans. Elles ont été présentées au Musée Dauphinois (Grenoble) et grâce à cet ouvrage de référence, l'occasion vous est donnée d'admirer ces belles collections et d'en découvrir l'histoire.


Autre parcours cette fois avec l'ouvrage "Les Monts du Lyonnais", petit massif au cœur du triangle Lyon, Saint-Étienne, Roanne, façonné par l'homme, cultivé, jardiné et aux nombreux savoir-faire. Une occasion de découvrir ou redécouvrir ce territoire qui n'a rien d'ordinaire !

mardi 16 mars 2010

Mercedes Deambrosis "Milagrosa"

A l'occasion de la séance du comité de lecture Aimer Lire le 11 mars dernier, nous nous sommes attardés sur le roman de Mercedes Deambrosis, Milagrosa.

Dans l'Espagne des années 50, une fillette grandit entre deux ombres : celle, terrible, de sa mère et celle, plus abstraite mais non moins envahissante, du général Franco. La tonitruante Carmen, fervente adepte du Caudillo, règne sans partage sur un mari absent et une fille soumise, et s'ingénie à appliquer à sa vie familiale les préceptes politiques du régime qu'elle soutient : obsession de l'image et de la représentation, mépris des " petits ", des " mal nés ", défense de la race noble et religiosité extrême. Milagrosa, sa fille unique, objet d'adoration autant que de désespoir, vit dans la fascination et dans la terreur de sa mère, son seul amour, et s'efface peu à peu jusqu'à devenir une abstraction, un symbole, un pari social à gagner coûte que coûte.

Le culte dont elle a toujours fait l'objet gomme en surface sa singularité et donne à tout son être des contours lisses, une couleur fade et indistincte, qui affolent sa mère tout autant qu'ils l'indiffèrent. Car celle-ci n'a plus qu'une idée en tête : faire d'elle une femme accomplie, à son image. " Dieu était infiniment bon. Cependant, il tardait à exaucer le pieux désir que Maman avait émis pour moi, celui de voir mon avenir assuré par un brillant mariage. Maman souffrait de me voir si peu apte à remplir ses rêves. Elle ne cessait de crier, jour après jour. La souffrance due à ces constantes humiliations, le rôle de servante que j'accomplissais sans me plaindre me remplissaient d'un orgueil féroce. "

L'amour maternel, tout artificiel qu'il soit, se change bientôt en répugnance. Car Milagrosa est laide. Des années de confinement et d'obéissance aveugle l'ont rendue transparente, instable, solitaire. Il lui est impossible pourtant de briser ce joug, de s'arracher à cette femme qui la terrorise et régente son existence dans ses moindres détails. Toute séparation est un soulagement mais aussi une terrible blessure, plongeant Milagrosa dans une apathie qui la bouleverse puis la révolte, à mesure qu'elle en prend conscience.

Milagrosa se lit comme un conte moderne, vivant et sensible. D'origine espagnole, Mercedes Deambrosis y démontre une maîtrise infaillible de la narration, portée par un style acéré qui fait la part belle aux dialogues. Elle sait conserver un rythme soutenu jusqu'à la fin, surprenante, dramatique.

Certaines histoires d'amour fonctionnent comme des métaphores. Et l'histoire politique d'un peuple infuse les existences privées, en un incessant va-et-vient. Il serait tentant de forcer les liens entre le récit et son contexte historique, ici très riche ; il serait facile de comparer sans cesse les relations entre la mère et sa fille avec les rapports entretenus par le Généralissime et son peuple. Milagrosa reste avant tout une histoire d'amour, un récit sincère, parfois très drôle, à la croisée de l'intime et du politique, la mise en scène d'un destin particulier et collectif, exemplaire et universel.

Article du Matricule des Anges

Le prochain rendez-vous du comité de lecture Aimer Lire est fixé le jeudi 8 avril à 14h. Nous étudierons le roman de Paul Auster "Brooklyn Follies".

mercredi 10 mars 2010

Nouveautés ados-adultes (février 2010)

Voici le catalogue des nouveautés du mois de février 2010 . N'hésitez pas à vous rendre sur le portail web de la médiathèque pour vérifier la disponibilité des documents qui vous intéressent.





jeudi 4 mars 2010

Bibliographie des Assises Internationales du Roman

mercredi 3 mars 2010

Soleil, musique et BD

David Prudhomme, illustrateur et scénariste de Rébétiko, la mauvaise graine, présent à la fête du livre de Bron le dimanche 7 à 12h30.


Voilà une très belle bande-dessinée, documentée, soignée et gorgée de soleil. C'est l'histoire , presque banale, d'un groupe de musiciens joueurs de rébétiko dans la Grèce de la fin des années 30.

Les héros jouent du bouzouki à longueur de journée, fument, pensent aux femmes, se battent, boivent et font danser les oiseaux de nuit des bas-fonds athéniens.

Sombres, violents, volontiers tatillons sur le chapitre de l'honneur, ces hommes nous entraînent dans une folle nuit, véritable fuite en avant vers une destination qu'eux-mêmes ont choisi inconnue.

Malgré leur insouciance, la Grèce vit des heures noires, déjà entre les griffes du général Ioannis Metaxas. Et c'est là tout le bonheur de cet album, sur un fil tendu entre le rire et la douleur. Subtil et très beau, comme le dessin de Prudhomme, bien inspiré par son sujet. Il réussit parfaitement à retranscrire l'émotion musicale sur le papier. Une expérience à lire et à voir, à la médiathèque bien sûr!

Bonsoir à tous!


mardi 2 mars 2010

Un avant-goût des assises

Cette année encore, les Assises Internationales du Roman rassembleront romanciers et critiques du monde entier pour une semaine de débats, tables rondes et lectures du 24 au 30 Mai 2010 aux Subsistances.

Cette année
, pour la première fois, et comme un avant-goût des Assises, la Médiathèque vous invite à une présentation de cet évènement et des auteurs invités. Notez bien sur vos agendas : ce sera le Samedi 6 Mars à 11h dans l’Espace Ados Adultes. Vous pourrez vous asseoir et ainsi vous informer au sujet des rencontres à venir, faire votre sélection de lecture et bien sûr emprunter l’un des nombreux romans des écrivains au programme.


Les Assises Internationales du Roman sont organisées et conçues par Le Monde et la Villa Gillet (Plus d’infos : http://www.villagillet.net )