lundi 14 mars 2011

Duo gagnant

Encore une fois la formule un scénariste + un illustrateur fait des miracle. Avec Christophe Dabitch au texte et Jean-Denis Pendanx au dessin, c'est deux courtes séries d'une excellente qualité qui vous attendent à la médiathèque.

Jeronimus et Abdallahi ont plus d'un point en commun. Le dessin très émotif de Pendanx bien sûr, capable d'installer une grande tension en quelques lignes et une capacité à croquer la sauvagerie des hommes et des éléments. Et les deux personnages principaux surtout, qui donnent leurs noms aux deux séries, deux hommes ambitieux et dépassés par la grandeur de leur destin.

Jeronimus : 29 octobre 1628, le Batavia quitte le port d’Amsterdam. À son bord, 341 personnes, dont 38 femmes et enfants: des marins, des artisans, des soldats, des officiers et quelques passagers qui voyageront sur le Château arrière, le lieu de l’élite du navire. Le navire appartient à la toute-puissante Compagnie hollandaise des Indes orientales, la VOC. Il doit rejoindre Java pour y charger les épices qui font la richesse des actionnaires de la Compagnie. A son bord, Jeronimus, un homme détruit qui n'a plus rien à perdre. Le Batavia n’arrivera jamais à Java. Le nom de ce navire deviendra le synonyme d’une terrible expérimentation sur des îles perdues au large de l’Australie.

Abdallahi : Nous sommes en 1824. René Caillié, un jeune Français, qui voyage déjà depuis quelques années sur les côtes de l’Afrique, veut découvrir l’intérieur des terres, là où aucun Blanc ne s’est encore rendu. Sans argent, personne ne voulant soutenir son projet, les autorités le prenant pour un illuminé, voire un charlatan, René Caillié ne démord pas de son rêve de rejoindre Tombouctou en s’enfoncant dans une Afrique encore totalement inconnue et vierge de toute présence occidentale. Il décide alors de s’inventer une autre vie, une autre origine. Pour cela, Il va d’abord s’initier dans une tribu maure, les Braknas, à qui il dit vouloir se convertir à l’Islam. Puis, il change de nom et devient Abdallahi (Le serviteur de Dieu).

Pour traiter ces deux histoires vraies hors du commun, Dabitch et Pendanx ont choisi de s'intéresser à l'humain plus qu'à l'héroïque. Les personnages qu'ils dessinent sont ballotés par l'histoire, aux antipodes des images d'Épinal de héros romantiques, sublimes et maîtres de leur destin. Abdallahi et Jeronimus, au contraire, subissent plus qu'ils n'agissent, ils sont ridicules plus souvent que superbes. Si monstruosité il y a, elle n'est qu'humaine. Leur entourage n'est pas mieux traité par les auteurs : au mieux des suiveurs, au pire des arrivistes, attentifs à la moindre faiblesse de leur rival pour leur sauter à la gorge. Le sympathique mais ambigu Arafanba de la série Abdallahi (2006) n'a pas son pendant dans Jeronimus (2008) où l'humanité est décrite de manière plus sombre encore qu'elle ne l'était déjà dans la première série.


Le troisième et dernier tome de Jeronimus sera bientôt présent à la médiathèque. D'ici là, il est possible de lire les deux premiers et de découvrir Abdallahi, les deux tomes sont dans les rayons.

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