lundi 12 mars 2012

Retour à Brixton beach

Petit retour sur l'une des dernières séances du Comité Aimer Lire avec ce merveilleux roman de Roma TEARNE, dont nous parle si bien Aline :

On ne peut pas s'empêcher de penser que l'auteure, Roma Tearne a mis un peu et même beaucoup de son histoire personnelle dans ce roman. Comme Alice, la jeune héroïne de Brixton Beach, elle a fui le Sri-lanka pour Londres à l'âge de 10 ans.
Comme Alice , elle s'est réfugiée dans les Beaux-Arts au point de devenir une peintre reconnue qui expose à Londres, Venise, etc ... Elle excelle également dans l'écriture. Outre ce roman, elle a écrit "Mosquito" (2007), Bone China (2008) et "The swimmer" (2010). Elle a même réalisé un film sur le souvenir et l'immigration, sans doute un exutoire à sa propre souffrance qu'elle définit ainsi dans le livre :

"Etre un immigrant, c'est être pris en sandwich entre deux mondes. Les efforts que doit déployer une personne qui n'appartient ni à un monde ni à l'autre sont inimaginables. Je fais partie de ces personnes, c'est ma vie. Mais intérieurement, je suis toujours Alice Fonseka, une fillette qui appartenait à son monde natal".

On envisage volontiers que Bee n'est pas un grand-père imaginaire, que Kunal, le réfugié blessé n'est pas totalement inventé, que le drame de Sita, la mère, a des relents de vérité.

Ce roman débute au début des années 70, sur cette île qui s'appelle alors Ceylan, fortement imprégnée de culture anglaise, puisque colonie britannique de 1802 jusqu'en 1948. Les conflits entre les deux communautés, les tamouls et les cinghalais, vont tourner à la guerre civile. Ces affrontements entre les deux ethnies, arbitrés par les Tigres, restent tristement célèbres.

Après beaucoup d'hésitations et un manque d'enthousiasme, Sita quitte donc le Sri-lanka avec sa fille Alice, notre héroïne, pour aller rejoindre Stanley, son mari tamoul exilé à Londres. Le départ de Stanley, un an plus tôt du Sri-lanka, par crainte de représailles pour avoir épousé une Cingalaise, fait dire à Sita "il n'a fait que remplacer le vide de sa présence par son absence".

Alice occupera cette longue traversée en bateau à jeter des bouteilles à la mer, comme pour lancer des SOS à son grand-père et à son ami Janake, un petit garçon orphelin. C'est pour elle la fin d'une enfance heureuse sur cette île merveilleuse dont l'auteure nous décrit les couleurs qu'elle a appris à observer en compagnie de Bee, ce grand-père peintre reconnu, qui l'adore et qu'elle adore.

La vie en Angleterre commence. Rien ne ressemble au Sri-lanka, les couleurs, le paysage, le climat et surtout le père qui oeuvre pour la cause tamoul et qui deviendra petit à petit un étranger pour elles.

Alice a beaucoup de mal à s'intégrer à cette vie différente (et ce n'est pas sa mère qui ne s'est jamais remise de la perte de son bébé qui va pouvoir l'aider) jusqu'à sa rencontre avec ce professeur d'Arts plastiques qui remarque son talent et pour lequel elle nourrit tant d'admiration.


Ce long roman, qui débute au Sri-Lanka des années 60 pour aboutir aux attentats terroristes de Londres en 2005, est un livre d'évasion.

Nous apprenons beaucoup de l'histoire de cette île exotique, du traumatisme de sa population déchirée par ses conflits. Grâce à l'écriture riche, imagée, des descriptions si précises, une grande fraicheur de ton, Roma Tearne plonge et nous plonge dans cette enfance si heureuse. Et même si par la suite, le destin n'a pas été tendre avec elle, les belles rencontres qu'elle vit sont des moments riches pour cette femme exilée, qui écrit : " Toute ma vie est construite sur mes souvenirs".

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