Sa famille habitait et travaillait à Choisy-le-Roi dans la banlieue parisienne. Son père se nomme Louis Bourgeois et sa mère Joséphine. Elle a une sœur, Henriette, et un frère, Pierre. Ses parents étaient restaurateurs de tapisseries anciennes, ce qui n'a pas été, selon elle, déterminant dans sa carrière d'artiste. Cependant dès l'âge de dix ans, elle commença à aider ses parents pour les dessins des tapisseries et à faire les pieds manquants ainsi que d'autres motifs lorsque le dessinateur M. Richard Guino était absent. Ce travail de dessin est son premier contact avec l'art. Louise avait le sentiment d'être utile. Enfant, elle est turbulente et remarque que sa jeune nounou anglaise est la maîtresse de son père et que sa mère ferme les yeux sur cette relation. Cette découverte va marquer profondément l'enfant. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1932 au Lycée Fénelon (Paris), elle étudie les mathématiques supérieures à la Sorbonne en géométrie, espérant trouver ainsi un ordre et une logique dans sa vie.
Bourgeois s'écarte des mathématiques, trop théoriques à son goût. Elle commence des études d'art à Paris, d'abord à l'École des Beaux-Arts puis dans de nombreuses académies, dont l'Académie Ranson ainsi qu'à l'École du Louvre. Elle a comme professeurs des artistes comme Paul Colin, Cassandre (graphiste) ou bien encore Fernand Léger. En 1937, elle rencontre l'historien d'art américain Robert Goldwater. Elle l'épouse et s'installe avec lui à New York dès l'année suivante. C'est là qu'elle entre en relation avec le milieu des surréalistes, dont la plupart ont quitté la France pour les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et présente sa première exposition personnelle en 1945.
Mue par une acuité psychologique hors du commun, Louise Bourgeois n'eut de cesse de décortiquer les thèmes universels, les relations entre les êtres, l'amour et la frustration entre des amants ou les membres d'une même famille, l'érotisme...le tout avec malice, colère ou tendresse. L'art, "garantie de santé mentale", lui permettant de transformer ses démons en alliés. Depuis ses premiers dessins, peintures et gravures, son œuvre tourne autour de la procréation, de la naissance et de la maternité sous la forme des femmes-maisons, mêlant le corps à l'architecture, l'organique au géométrique : buste en brique, maison à colonnes sur les épaules, cage thoracique en forme d'escaliers et de portes. Mais le fil rouge de son œuvre est le Phallus (le père), qu'elle baptise « fillette » et l'araignée (la mère). Selon Louise Bourgeois, l'araignée représente la mère, « parce que ma meilleure amie était ma mère, et qu'elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable, indispensable qu'une araignée ». L'araignée est pour elle le symbole des tapisseries que réparait sa mère (toile de l'araignée) et de tout ce qui s'y rapporte : aiguilles, fils.
Dans les années 1950, ses sculptures ont l'aspect de totems sinueux et lisses, d'inspiration surréaliste. À cette époque, Louise Bourgeois souffre du mal du pays, disant « être en deuil de la France » et ressentir un « chaos total ». Sa famille et ses amis lui manquent et elle se met à créer des personnages sous forme de totems en bois ; le totem, forme américaine, est une invitation à attirer leur présence magique, une véritable thérapie. Travaillant à l'écart de la scène artistique, elle présente peu d'expositions personnelles jusqu'à ce qu'un vif intérêt se manifeste pour son travail dans les années 1970. Le développement de son œuvre prend alors un tour entièrement nouveau. Non seulement des thèmes jusqu'alors latents — la féminité, la sexualité, la famille, l'adolescence, la solitude — deviennent omniprésents, mais la manière de les traiter est entièrement renouvelée, avec des sculptures-installations réalisées avec des matériaux et des objets très variés, parfois personnels.
En 1982-1983, le MoMA lui consacre une première exposition rétrospective. Elle imprègne ses œuvres, notamment sculpturales, de cette veine psychique, issue de ses traumas personnels. Pleinement consciente de cette dimension de son œuvre, elle est toutefois très éloignée des représentations littérales qui caractérisaient, en particulier, le surréalisme dans leur rapport à l'inconscient, et a ouvert en ce sens une voie très avant-gardiste de l'art contemporain. Ses sculptures monumentales d'araignées, constructions oniriques, en sont un des exemples les plus connus. Le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou a organisé, du 5 mars au 2 juin 2008, en collaboration avec la Tate Modern de Londres, une exposition de plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, dessins, gravures, objets), rétrospective de l'œuvre de Louise Bourgeois
En 2009, elle est honoré par le National Women's Hall of Fame ainsi que neuf citoyennes américaines, pour avoir marqué l'histoire des États-Unis. Elle meurt le 31 mai 2010, à l'âge de 98 ans.
Pour mieux découvrir cette artiste hors-norme je vous conseille de regarder le DVD documentaire suivant : Louise Bourgeois (un film de Camille Guichard)
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