mercredi 6 avril 2011

La Centrale


Voici un roman qui est sorti il y a tout juste un an, mais qui fait écho à l'actualité.

Puissant, révolté, le premier roman d'Elisabeth Filhol dérange. Véritable plongée en apnée au coeur du nucléaire, La Centrale respire la frustration et la colère. Si l'écrivain dévoile sans tabou les dangers de la contamination radioactive, elle dénonce par ailleurs une autre menace, non moins palpable et tout aussi étouffante : celle de la précarité, triste compagne de route de ces ouvriers qui doivent se contenter de quelques missions périlleuses pour tromper la misère. Alors chaque année affluent des centaines d'hommes sur les côtes normandes, à l'affût du poste de la dernière chance qui va rapporter mais à quel prix... Partout rôde le danger. Pourtant la peur de mourir importe peu. A l'image de ces vies résignées, Elisabeth Filhol enveloppe son récit dans un voile de tristesse indélébile, usant d'une plume quasi mécanique. Des phrases froides cousues du fil de la lassitude et de l'angoisse permanentes. Au plus proche de la réalité, La Centrale est un roman engagé, dont la réussite réside tant dans le travail de documentation sur le déroulement des manoeuvres techniques que dans sa faculté à rendre perceptible, sensible l'insoutenable poids de l'atmosphère. Comme un double littéraire de Ken Loach, Elisabeth Filhol expose avec finesse la dureté de la société, l'absurdité humaine. S'introduisant avec pudeur dans ce monde obscur et mal connu du grand public elle devient porte-parole de ces hommes de l'extrême. Une fiction proche du témoignage pour un magnifique hommage.

Avec son 1er roman, La Centrale, publié chez POL, Elisabeth Filhol fait coup double puisqu'elle recevait le jeudi 25 mars 2010 le 5e prix France Culture/Télérama. Un prix remis par Bruno Patino, Philippe Thureau-Dangin... et le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand à l'occasion de l'inauguration du Salon du livre de Paris (voir la vidéo suivante) :

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